Le paludisme est une cause majeure d'hospitalisation et de décès chez les jeunes enfants dans de nombreux pays africains. Récemment, deux vaccins contre le paludisme ont été approuvés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) afin de réduire la charge de morbidité chez les enfants dans les pays où le paludisme est endémique. Ces vaccins sont appelés RTS,S/AS01E et R21/Matrix-M. Bien que ces vaccins offrent un niveau de protection élevé pendant les premiers mois suivant la vaccination, leur efficacité diminue avec le temps. L'OMS recommande donc d'administrer au moins une dose de rappel du vaccin correspondant aux enfants environ un an après leur série initiale de vaccinations, afin de maintenir l'immunité protectrice. 

Dans certaines régions d'Afrique, comme le Sahel, la transmission du paludisme est très saisonnière et ne se produit que pendant la saison des pluies. Dans ces contextes, il a été démontré que les doses de rappel du vaccin contre le paludisme ont un effet protecteur additif contre les épisodes de paludisme chez les enfants, en plus des mesures de contrôle établies telles que la chimioprévention saisonnière du paludisme (CPS). Cependant, le débat reste ouvert quant à la meilleure façon de mettre en œuvre les doses de rappel du vaccin contre le paludisme afin d'obtenir une efficacité maximale. Plus précisément, il n'est pas clair s'il est plus judicieux de mettre en œuvre une stratégie de rappel basée sur l'âge ou sur la saison. Le rappel en fonction de l'âge est une stratégie dans laquelle les doses de rappel sont administrées à un âge fixe, et donc à un moment fixe depuis les premières vaccinations contre le paludisme de l'enfant, comme pour les autres vaccins infantiles. Le rappel saisonnier consiste à administrer des doses de rappel à tous les enfants à la même période de l'année, immédiatement avant la saison de transmission du paludisme, quel que soit l'âge de l'enfant et donc le temps écoulé depuis ses premières vaccinations contre le paludisme. Une autre préoccupation potentielle est que la couverture vaccinale par les doses de rappel chez les enfants de plus d'un an pourrait être inférieure à celle souhaitée. Il n'est donc pas certain que les doses de rappel saisonnières doivent simplement être mises à disposition dans les centres de vaccination infantile de routine ou si une couverture plus élevée peut être obtenue grâce à des campagnes de vaccination de masse au sein des communautés. 

Dans le cadre de ce projet de vaccination saisonnière contre le paludisme (SMV), nous aborderons ces deux questions : (1) En Guinée, nous comparerons la couverture obtenue avec les doses de rappel saisonnières (administrées en juin, avant la saison de transmission) à celle obtenue avec les doses de rappel basées sur l'âge (administrées un an après la troisième dose de vaccination initiale, quel que soit le mois civil) et leur effet respectif sur l'incidence du paludisme chez les jeunes enfants ; (2) Au Mali, nous déterminerons si les rappels annuels administrés avant la saison de transmission dans le cadre d'une campagne communautaire de masse porte-à-porte permettent d'obtenir une meilleure couverture vaccinale et un meilleur impact sur l'incidence du paludisme chez les jeunes enfants que l'administration de ces doses de rappel dans les centres de vaccination infantile de routine. Ces questions seront étudiées dans le cadre d'études de mise en œuvre menées dans certains districts du Mali et de Guinée. Ce projet fournira ainsi des informations importantes sur la manière optimale d'administrer les doses de rappel du vaccin contre le paludisme dans les zones de transmission saisonnière du paludisme, ce qui pourrait sauver de nombreuses vies. 

Les résultats du projet SMV Delivery contribueront à réduire la charge de morbidité liée au paludisme chez les enfants au Mali et en Guinée en déterminant la manière optimale d'administrer les doses de rappel du vaccin antipaludique et fourniront des orientations à cet égard à d'autres pays où le paludisme est endémique et où la transmission est saisonnière.